Sculpteur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Igor

 

Combat de coqs


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J‘ai réalisé cette sculpture avec du marbre que l‘on trouve dans la carrière de San Carlo di Peccia, au fond de la vallée Maggia, au Tessin. J‘avais commencé à la travailler là-bas peu avant de partir au Portugal pour l‘été, et je l‘ai finie dans mon atelier à Chavannes à mon retour, en automne 2008. Sous les impressions de la vie de village dans la Serra do Gerês, la sculpture est devenue un combat de coqs.

Je vois la sculpture comme étant un «signe» (au sens de F. De Saussure) d‘un combat de coqs par différents aspects. D‘une part, elle est composé d‘éléments qui appellent directement des «siginifiés» concrets, comme un bec grand ouvert, des ailes qui battent, une queue d‘oiseau, etc. D‘autre part, il y a un «combat» dans la forme abstraite de la sculpture, au niveau du «signifiant», si l‘on reste dans la terminologie de Saussure. Elle est en effet constituée de deux volumes qui se tournent vers le haut en spirale, un volume au sens de la montre, l‘autre au sens contraire. Ceci fait que la sculpture se «déchire» du côté où les mouvements des spirales s‘orientent vers l‘extérieur. Du côté opposé, par contre, les deux volumes rentrent en conflit, parce que ils se tournent vers l‘intérieur et se rencontrent violemment.

A la fête de village au Nord du Portugal, les coqs s‘affrontent par terre sur la place du village, et les spectateurs forment un cercle autour d‘eux. C‘est pour moi une métaphore de l‘homme qui contrôle les forces déchaînées de la nature. Ma sculpture symbolise ces forces et sa domination, parce qu‘elle a été réalisée sous les impressions du village. Mais elle est aussi d‘ici, puisque je l‘ai faite en grande partie à Chavannes. Je me suis donc demandé ce que nous faisons nous avec les coqs. Et je suis arrivé à la conclusion que nous les mettons sur des piédéstaux.

Les monuments se font pour nous rappeler différentes choses, mais on les érige depuis toujours aussi, et peut-être avant tout, pour symboliser le pouvoir. Des chefs d‘états, des généraux et des cardinaux nous regardent pétrifiés et sévères du haut de leur piédestaux. Que sont-ils d‘autres, au fond, que des coqs?

C‘est pourquoi j‘ai mis la sculpture du combat de coqs sur une haute colonne en bois. Les coqs montent d‘ailleurs souvent sur la cime de quelque chose pour lancer leur cris. Les spectateurs seront obligés de les regarder les yeux levés vers le haut. Est-ce qu‘ils se rappeleront que, vivant dans une démocratie, ils auront toujours la possibilité, et le devoir, de les ramener sur terre?

Lausanne, novembre 2008